En guise d’introduction au projet concrétisé par les capsules, voici un texte rédigé à l’origine et qui peut enfin trouver du sens dans ce qui est mené aujourd’hui.
Ce texte, ne vise personne et tout le monde en même temps. Il a pour vocation de soutenir vos réflexions dans le domaine de la filiation adoptive et dans un de ses aspects que constitue la recherche des origines.
La recherche d’origine s’inscrit dans ce processus long de la quête identitaire. Celle-ci bouscule et se fait régulièrement de manière dynamique : en relation avec autrui qui nous renvoie des images de qui nous sommes, de qui nous aurions voulu être. Cela se fait à la fois en relation avec le passé mais également en relation avec le futur. Elle permet de construire des rêves, mais aussi des projets pour mieux s’inscrire dans le présent.
Nous faisons l’hypothèse que cette quête est utile pour chaque être humain, adopté ou non adopté. L’adolescence constitue une période clé pour déclencher ce type de processus mais qui peut également dans certains cas apparaitre plus tard. Cette recherche se révèle aussi après une adoption.
Le mouvement dans lequel la personne est prise dépasse le besoin de connaître le nom de ses géniteurs ou de les voir : il s’agit de (tenter de) combler un sentiment d’incomplétude et de manque, et donc de parer à son identité qui lui offre somme toute peu de « sécurité » (au sens symbolique du terme). A tout le moins, l’étape du questionnement identitaire nécessite un travail d’acceptation par les personnes elles-mêmes au sujet de leurs origines, d’où elles proviennent.
a) la personne adoptée,
Nous pouvons dire que la quête identitaire revêt un caractère particulier dans l’adoption : elle est souvent en lien avec l’abandon et donc un morceau important de cette identité se trouve ailleurs que dans la famille : « de quelle « terre » est-ce que je proviens ? À quelle mère (matrice) ai-je été attaché ? Qu’est ce qui constitue le contexte affectif, social, économique et politique de mon adoption ? Quel contrôle veut-on avoir sur ma vie ? Suis-je un objet ou une personne ? … »
Nous pouvons souligner que la discontinuité fait partie intégrante de l’histoire et de l’identité de la personne adoptée (Hayez & coll., 1988). Cette discontinuité rend le « roman familial » souvent plus complexe que celui des non-adoptés. Dans certains cas, cet élément est ce qui peut « autoriser » les personnes adoptées à se sentir à « l’écart », différent et ceci renforce le sentiment de solitude. Par ailleurs, leur besoin de se débrouiller seul est exacerbé dans ce moment.
Les origines génétiques et/ou corporelles de l’adopté, également appelées « origines charnelles », sont difficilement accessibles. Ces dernières sont souvent d’autant plus idéalisées qu’elles sont inconnues. Ceci même les amène à avoir une vision faussée de la relation humaine qui permet à l’individu de se construire. En tout état de cause, ce processus peut alors ressembler à de la destruction d’un projet de vie plutôt qu’à une construction de celui-ci.
La structure relationnelle désorganisée avec les autres mérite parfois d’être accompagnée dans le lien, afin d’aider l’individu concerné à prendre conscience de sa juste valeur dans toute relation humaine, au-delà de son sentiment d’être incomplet et d’un déficit de confiance en soi, notamment.
Dans ce contexte, nous pouvons aussi constater qu’il ne semble pas toujours évident pour certains de se construire des projets de vie où ils peuvent être utiles et actifs, en dehors de ce qu’attendent les autres à leur égard (scolarité difficile, peu de formation, difficulté à devenir adulte sans savoir ce qu’est leur enfant « intérieur »,…).
Par ailleurs, nous pouvons aussi souligner chez certains le besoin de rencontrer d’autres personnes qui vivent des histoires proches des leurs au travers de diverses rencontres. Ceci peut les amener à récupérer une nouvelle confiance en se sentant appartenir à une entité plus grande que soi.
Pour la personne adoptée, on constate qu’il n’est pas toujours aisé d’en parler avec les parents et le tiers se révèle souvent une nécessité pour arriver à plus de satisfactions.
b) Les parents adoptifs
Nous pouvons également aborder cette question en se positionnant sous l’angle de « l’adoptant », en lien avec le processus d’attachement qu’il a accompagné de façon très proche, souvent avec le désir prononcé d’intégrer l’enfant dans leur famille, avec un engagement ferme, et qui tout d’un coup risque de se retrouver démuni.
En effet, il peut sembler parfois difficile pour les parents d’accompagner ce processus seuls, sans avoir un regard extérieur sur la question, coincés entre raison et émotion. Dans certains cas, ils mettent leur rôle de parents « accompagnants » de côté et s’interrogent quant à la place qu’ils peuvent prendre dans ce type de questionnement.
Parfois même, les liens ont tellement été mis à l’épreuve que la séparation devient une alternative inéluctable…
Plusieurs auteurs suggèrent que les adoptants qui accompagnent l’adopté dans sa recherche voient la relation d’adoption renforcée et la confiance réciproque augmentée.
c) En conséquence
Entre les parents adoptifs, l’enfant / adolescent / l’adulte, l’environnement biologique et les OAA, il existe un lien qui a du sens tout au long de la trajectoire.
Un soutien à la réflexion peut s’avérer utile avec l’aide de l’OAA qui a contribué à la construction de ce lien mais qui reste cependant extérieure la situation, par respect du lien intime qui se tisse et de la vie privée.
Cette période de Covid où il a été plus difficile d’alimenter l’espoir et la réflexion par des témoignages et des actions physiques en présentiel, a fait réfléchir notre asbl sur l’intérêt de notre présence sur les réseaux sociaux avec des thèmes importants dans notre mission d’accompagnement des personnes concernées directement ou indirectement par la filiation adoptive.
L’appel à projets 2021-2023 proposé par la Ministre de l’Aide à la Jeunesse et le directeur de l’adoption a été un moyen pour soutenir la germination de cette initiative. C’est comme cela que nous nous sommes mis en lien avec Pierre REULIAUX pour concrétiser l’idée sur la thématique des origines dans le cadre d’une filiation adoptive. En effet, celui-ci est adopté et maitrise l’outil « réseau social » pour diffuser un contenu à visée réflexive en partenariat avec notre asbl.
Nous souhaitons que ces témoignages puissent soutenir le vécu post adoptif des familles concernées directement par la filiation adoptive. Ces capsules visent aussi à reconnaitre et valoriser les compétences des uns et des autres qui visionneront celles-ci. A travers cet outil, c’est aussi la possibilité pour l’asbl d’être visible sur la toile.
Ainsi, 10 témoignages sous la forme de vidéos de +/- 15 minutes sont prêtes à être utilisées.
Le public visé est le public concerné directement et indirectement par la filiation adoptive pour susciter une réflexion, un espoir.